L’art du combat : la peur des coups

L’instinct de conservation

Tous autant que nous sommes, peu importe notre gabarit, nous craignons de prendre des coups.

Lorsqu’une frappe se dirige vers notre visage, nous fermons instinctivement les yeux et tournons le dos pour nous en protéger.

Si cette défense naturelle nous permet de préserver nos points vitaux, nous exposons alors dangereusement notre dos à notre assaillant.

De même, face à un adversaire agressif, nous aurons tendance à reculer et à subir ses assauts.

Pour pouvoir devenir un véritable artiste martial, il va nous falloir dépasser cet instinct de conservation et le remplacer par celui du combattant.

Devenir le Dragon

Lorsqu’on débute dans un art-martial et qu’on s’essaie au sparring (combat amical), on a tendance à ne pas vouloir trop attaquer, de peur de se découvrir et de prendre des coups.

Toutefois il est essentiel de comprendre qu’il est impossible de combattre sans recevoir des coups.

En effet, lorsqu’on attaque, on ne peut pas conserver l’intégralité de sa défense et on prend ainsi le risque de subir un contre.

Mais lorsqu’on défend, on prend également un risque, celui de permettre à l’adversaire de trouver le défaut de notre cuirasse, car aucune garde n’est imperméable à 100 %.

Il est donc essentiel d’accepter l’idée de prendre des coups et de travailler sur sa résistance physique et son mental.

Dans notre école, cette étape se travaille particulièrement en 5ème année, celle du dragon, un être dont émane une sensation de sagesse et d’invincibilité.

La solidité du dragon

Pour pouvoir encaisser des coups, il faut obligatoirement renforcer son corps de manière progressive.

On commence par des frappes légères pour habituer le corps aux impacts, puis on monte graduellement en restant attentif à sa limite.

Le renforcement débute avec les bras et les jambes, outils indispensables pour bloquer une frappe.

On s’attaque ensuite au buste qu’on va renforcer avec du grainage et l’exercice de la chemise de fer.

Il est fondamental de se forger un corps solide, car peu importe votre maîtrise du Wushu si un seul coup suffit à vous mettre hors-combat !

La sérénité du dragon

Pour dépasser l’instinct de conservation décrit plus haut, il faut s’habituer à voir venir les coups.

On peut débuter par un exercice simple consistant à se placer en posture du cavalier face à un partenaire. Ce dernier va alors toucher notre front à plusieurs reprises à l’aide de sa paume ou avec des gants de boxe, sans y mettre de force, le but étant de garder les yeux ouverts pour voir venir les attaques.

Viennent ensuite des exercices plus poussés comme « traverser la tempête ». Un partenaire équipé de gants de boxe va matraquer notre garde pour en tester la solidité pendant un certain laps de temps.

Il est important de conserver un esprit serein, même lorsque l’adversaire nous adresse une pluie de coups. En gardant les yeux ouverts, on pourra plus facilement déceler le bon moment pour placer un contre.

L’invincibilité du dragon

Face à un combattant plus grand et disposant d’une bonne allonge ou alors un adversaire très mobile et rapide, il sera impossible de s’engager dans un assaut sans subir des coups le premier.

Voilà pourquoi, il faut accepter de prendre des coups, dans le but d’en rendre davantage ! La formule dit :

« Accepter de prendre un coup dans le but d’en donner 10 ».

Il faut que le risque soit payant, que l’investissement en vaille la peine ! Au lieu de percevoir l’adversaire comme une forteresse infranchissable, il est préférable de se voir soi-même comme un tank, un raz-de-marée, une tempête, bref quelque chose d’impossible à arrêter !

Toutefois, il ne s’agit pas de foncer n’importe comment sur l’opposant. On attaque en préservant au maximum sa ligne centrale et ses points vitaux, n’exposant aux frappes adverses que des parties de soi qu’on a pu renforcer : bras, épaules, abdominaux, etc.

« Exposer ses points renforcés aux frappes adverses, tandis qu’on cherche à toucher les points faibles de l’adversaire ».

L’importance des sparrings

Le sparring (combat amical et technique) est un des piliers de l’art martial, il est indispensable pour appréhender le combat.

Il est important que le duo travaille en pleine confiance et de manière la plus détendue possible.

Impossible en effet de travailler efficacement en étant crispé, on risque au contraire de frapper plus fort et d’énerver son partenaire qui frappera à son tour plus fort, l’escalade de la violence menant à l’accident bête.

Au contraire, il faut voir le sparring comme un jeu dans lequel on va pouvoir tester ses techniques, tout en prenant garde à ne pas blesser son partenaire.

On débute par des sparrings très légers, « à la touchette » puis on peut s’équiper de protections pour appuyer un peu plus les frappes.

La sagesse du dragon

Comme pour la force (Tigre), la vitesse (Léopard), l’endurance (Grue) et la souplesse (Serpent), le renforcement du corps et de l’esprit doit se faire progressivement et de manière régulière.

Ce n’est que par la force de l’habitude qu’on parvient à dépasser son instinct de conservation et sa peur de prendre des coups.

En outre, le corps est une formidable machine qui s’adapte à presque tout, du moment qu’on lui en laisse le temps.

Ainsi, on recherche la sagesse du dragon, cette même sagesse qui nous offre la tranquillité d’esprit nécessaire à prendre du plaisir dans les échanges de combat.

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