Les figures martiales
Les figures martiales sont des enchaînements conjuguant déplacements, frappes, saisies, projections ou clés que l’adepte du Wushu doit apprendre par cœur.
Il convient ensuite de les travailler régulièrement pour que chaque geste soit parfaitement maîtrisé et que l’ensemble soit suffisamment harmonieux pour être utilisable en combat.
Ces figures possèdent généralement un nom (le Conquérant, l’Hirondelle s’envole, etc.) qui aide à la mémorisation de l’enchaînement.
Ainsi, une fois qu’il l’a suffisamment travaillé, l’élève peut exécuter une figure comme celle du Conquérant, laquelle regroupe 6 mouvements mais qui dans son esprit, n’en font désormais qu’un seul.
Tant que l’élève doit réfléchir aux gestes composant l’enchaînement, on considère que ce dernier est inutilisable ou au mieux partiellement utilisable en étude de combat.
On retrouve ce principe en boxe anglaise où l’élève commence par apprendre le classique « Jab-Cross-Crochet avant » qu’il va répéter jusqu’à pouvoir l’exécuter en une seule fois.
Une partie de cartes
On peut comparer un combat à une partie de carte disputée entre deux joueurs (ou plus).
Le jeu de chaque joueur est composé en partie par de cartes numérotées, les chiffres représentant des mouvements (déplacements, attaques, esquives, blocages, parades) dont la complexité augmente en même temps que la valeur du nombre.
Par exemple : le 2 de Pique correspond à un coup de poing direct, alors que le 9 de Trèfle représente un coup de pied retourné sauté.
Viennent ensuite les figures : Valet, Reine et Roi qui sont les enchaînements que le combattant connaît et qu’il a suffisamment entraînés pour les utiliser.
Comme pour les chiffres, plus la figure est haute, plus la complexité de l’enchaînement est élevée.
Par exemple : le Valet de Cœur symbolise le Conquérant (qui inclue deux jibengongs), alors que le Roi de pique symbolise la Vague (laquelle rassemble 6 jibengongs).
Viennent enfin l’As qui est la technique fétiche du combattant (peut-être l’a-t-il lui-même créée ?) et le Joker qui est une improvisation du moment.
Chaque combattant va ainsi abattre ses cartes jusqu’à ce que l’un des deux prenne le dessus sur son adversaire.
Plus un combattant travaille ses techniques, plus son jeu est redoutable ! Mais comme pour une véritable partie de cartes, la chance et le hasard viennent souvent se mêler au combat.
Et n’oubliez pas ce que disait Patrick Bruel dans la publicité pour le poker : « L’important n’est pas les cartes que vous avez en main, mais ce que vous en faites ! ».
Les styles de combattants de l’école des 5 Montagnes
Les 5 animaux symbolisés par les montagnes de l’école reflètent un style de combat, un mental mais aussi un physique façonné par leur façon de se battre.
Les élèves de notre école vont bien sûr développer toutes les qualités décrites pour chacun des animaux.
Toutefois, ils vont généralement tendre plus vers l’un d’entre eux en fonction de leur physique et leur mental.
Attention, le physique d’un élève ne doit pas le limiter à une forme ou une autre. On peut être grand et pratiquer le style du Léopard ou de petite taille et pratiquer celui de la Grue. Le style doit s’adapter à l’élève autant que ce dernier s’adapte à lui.
Le Tigre
Le tigre est un animal tout en muscles dont la présence intimide la plupart de ses adversaires. (à part le dragon).
Le style du combattant du Tigre est offensif, il prend généralement l’initiative et compte sur la force de ses muscles pour briser la défense de l’opposant. S’il bloque, c’est pour mieux contre-attaquer avec une férocité dédoublée.
Pour un boxeur, on dirait qu’il est « In », c’est à dire qu’il n’a pas peur d’avancer sur son adversaire.
Généralement, les pratiquants de cet art développent une bonne musculature, afin de disposer de la force nécessaire au style du Tigre.
Le Léopard
Moins impressionnant physiquement que son cousin le Tigre, le Léopard est plus agile et plus rapide.
Le style du combattant du Léopard est très mobile et basé sur des attaques éclairs aussi agressives que vives. Il frappe, rompt l’engagement et disparaît avant de laisser le temps à son adversaire de contre-attaquer. Il préfère également esquiver plutôt que bloquer, profitant de l’esquive pour placer une contre-attaque fulgurante.
Cette méthode convient aux combattants qui possèdent un métabolisme très rapide, ils tournent en permanence autour de leur adversaire sans jamais rester figés.
Les personnes de petites tailles possèdent un petit avantage pour pratiquer le Léopard, leur centre de gravité étant plus bas, ils peuvent exécuter des mouvements plus rapidement.
La Grue
Grâce et ses ailes et ses longues pattes, l’échassier combat son adversaire en le tenant à distance respectable.
Le style de la Grue est très élégant, le combattant ayant son buste droit, il se base sur des coups de pieds ou des frappes des mains (les ailes) en cherchant un maximum d’amplitude. L’idée est de voler autour de son adversaire en le touchant sans que ce dernier puisse contrer. S’il faut se rapprocher, la main se transforme en bec capable de délivrer des coups puissants et précis.
Cette façon de combattre convient bien au boxeur dit « out », c’est-à-dire qui préfèrent garder une certaine distance face à l’adversaire.
Pour cette raison, être de grande taille peut constituer un avantage, car l’élève dispose ainsi d’une bonne allonge lui permettant de toucher sans devoir s’exposer.
Sinon, l’adepte de la Grue doit posséder un bon gainage qui l’aide à s’équilibrer et dispose également d’une bonne souplesse des hanches et des jambes pour pouvoir exploiter au maximum ses attaques des pieds.
Le Serpent
Plus petit que les autres animaux, le Serpent pourrait paraître chétif et pourtant, il est redoutable.
Le style du Serpent se base sur la souplesse et la précision. Plutôt que d’opposer un blocage ferme, il va plutôt détourner l’attaque, s’enrouler autour pour placer une clé, comme le boa qui se referme inexorablement sur sa proie.
S’il doit attaquer, il va brusquement passer d’un déplacement lent et sinueux à une attaque sèche et précise qui visera une partie vulnérable de son adversaire.
Les adeptes de la voie du Serpent sont des personnes possédant du sang-froid, ils ne se laissent pas impressionner par les assauts de l’adversaire autour desquels ils glissent calmement.
Les pratiquant de la voie du Serpent privilégient le travail de la souplesse et cherchent à être relâchés, sans être mous pour autant.
Le Dragon
Aussi haut qu’un immeuble et possédant des griffes longues comme des épées, l’apparition d’un Dragon impressionne par l’aura d’invincibilité que le reptile dégage.
Le style du dragon est basé sur une défense solide, quasiment impénétrable et des attaques puissantes. Moins mobile que les autres sans toutefois être pataud, l’adepte du dragon peut encaisser sans broncher des frappes, tandis que ses doigts se referment en une prise que rien ne peut faire lâcher. Lorsqu’il bloque une attaque, c’est l’attaquant qui se fait mal et s’il donne un coup, ce dernier renferme la puissance d’un ouragan.
La façon de combattre du Dragon demande, comme pour le Serpent, un sang-froid à toute épreuve et la confiance du Tigre. Mais contrairement au Serpent, le Dragon attend fermement la frappe, conscient que cette dernière ne pourra le briser.
Les adeptes du Dragon renforcent grandement leur muscles internes et externes de manière à pouvoir encaisser efficacement des coups et délivrer des frappes dévastatrices.
Au-delà des 5 Montagnes
Une fois les 5 Montagnes franchies, l’élève poursuit son parcours dans la Vallée du Loup et de l’Aigle qui apportent une nouvelle dimension à sa méthode de combat.
Puis, il va traverser la Mer de Sagesse en compagnie des 8 Immortels qui vont l’initier à la ruse.
Enfin, il termine par chercher en lui-même l’équilibre entre l’esprit et le corps, l’interne et l’externe, le jour et la nuit. Ainsi, il devient comme l’eau, sans forme mais pouvant toutes les adopter. Alors ses coups deviennent aussi tranchant que ceux de l’Epée du Jour et de la Nuit.
Le Loup
Prudent, le loup tourne autour de sa proie et cherche l’ouverture pour lui bondir à la gorge.
Le style du Loup est proche de la Terre, les déplacements se font en cercle autour de l’adversaire en conservant une distance raisonnable. Les postures sont très basses, l’adepte se ramasse sur lui-même pour pouvoir combler d’un bond ou d’une roulade la distance qui le sépare de son adversaire.
Comme pour le Léopard dont il est proche, le Loup préconise des attaques éclairs très rapides et de courte portée. Les jambes sont la cible principale du style du Loup qui essaie de faire tomber son opposant (briser les appuis), l’achevant d’une frappe ou le bloquant dans une clé.
Adopter le style du Loup demande un esprit prudent et calculateur, mais aussi d’être vif (comme le Léopard) lorsqu’on décide d’attaquer. Contrairement au Tigre et au Dragon, le Loup rompt rapidement un engagement dont il n’aurait pas le dessus.
Les adeptes du Loup développent de la force dans les bras et des jambes solides qui leur permettent de conserver des postures basses.
L’Aigle
Comme le Loup, Le rapace vole autour de sa proie, avant de fondre sur elle pour la déchiqueter de ses serres acérées.
Cependant, l’Aigle est au Ciel ce que le Loup est à la Terre! Le jeu jambes et les postures sont larges de façon à privilégier les attaques aériennes. Comme la Grue, il faut chercher à étendre au maximum son allonge pour toucher l’adversaire sans être soi-même exposé.
Au corps-à-corps, l’Aigle utilise ses serres qui rappellent celles du Dragon et saisissent avec la même fermeté que le reptile, soit pour immobiliser l’adversaire en cherchant à lui faire décoller les talons du sol, soit pour le projeter.
Les adeptes du style de l’Aigle ont un esprit offensif, s’ils prennent du champ, ce n’est que pour pouvoir utiliser leurs attaques aériennes avec un maximum d’efficacité, mais ils ne redoutent en rien le corps-à-corps ou leur connaissance du Chin-na fait merveille.
Pratiquer le style de l’Aigle développe une musculature sèche et pas trop lourdes. La force des jambes permet de sauter haut et les doigts sont renforcés pour avoir la solidité des serres du rapaces.
Les huit immortels
Les légendaires 8 Immortels incarnent, chacun à leur manière l’emploi de la ruse au combat.
Pour user du style des 8 Immortel, il faut incarner l’ivresse, ce qui signifie briser les règles fondamentales sujettes à la stabilité. Toutefois, ceci n’est qu’une ruse, car le déséquilibre est volontaire, dans le but d’amener l’adversaire à croire qu’on est vulnérable (car ivre), alors qu’on l’attend de pied ferme.
User de tromperie requiert de bien connaître l’esprit humain et sa logique, afin de pouvoir jouer avec.
Par exemple ; on sait que le cerveau humain possède des cellules miroirs qui vont lui faire reproduire ce qu’il voit. Ainsi, si vous donner un coup de pied dans la garde de l’adversaire, ce dernier va vous imiter. A vous de vous servir de cet effet de mimétisme pour anticiper sa réaction et l’utiliser contre lui.
De même, feindre de se déplacer n’importe comment, se jeter sans raison au sol, bref effectuer un mouvement qui va contre la plus élémentaire logique permet de créer l’ouverture dont vous aurez besoin pour pénétrer la défense de votre opposant.
Les adeptes du style 8 Immortels sont très observateurs, ils saisissent la moindre manie de leur opposant pour s’en servir contre eux. Ils aiment sortir des codes standards pour surprendre leur adversaire par des mouvements inattendus.
La ruse n’impose pas un physique particulier, elle s’adapte à ce dernier !
L’épée du jour et de la nuit
La dernière forme de l’école n’impose plus de style de combat, elle est le combat en lui-même !
La connaissance martiale possédée par l’élève se matérialise en une épée dont le pommeau est constitué de la Nuit (Yin, Esprit, voie interne) et la lame par le Jour (Yang, Corps, voie externe).
Ces forces opposées mais complémentaires se conjuguent désormais parfaitement dans les enchaînements et techniques effectuées par l’adepte. On dit désormais que ce dernier a atteint le stade de l’Eau.
Car comme le liquide, il n’a plus de forme propre mais peut adopter toutes celles qu’il désire et mélanger tous les mouvements qu’il connaît en un ensemble harmonieux.
Mais pour atteindre ce stade, il faut posséder une maîtrise totale de toutes les techniques enseignées par l’école et chercher dans chaque geste une pureté absolue, dénuée de la moindre parcelle de doute.
Alors même un simple coup de poing peut devenir aussi redoutable qu’un coup d’épée !
Mais d’ici là, un long chemin attend le pratiquant.
Soyez patients et persévérants et prenez soin de vous.
Shifu Mike
Merci pour le partage. Louisa Lon Zelig