Et si vous aviez voulu apprendre le Wushu à l’ancienne ?
Vous et vos amis venez de trouver un maître susceptible de vous enseigner son art martial.
Toutefois, ce dernier refuse de vous accepter comme disciples et vous renvoie tous, sans même prendre la peine d’écouter vos motivations.
Comprenant qu’il désire éprouver votre détermination, vous revenez devant l’école et vous vous agenouillez devant la porte d’entrée.
Pendant des heures, vous restez immobiles et silencieux, sans boire ni manger, qu’il pleuve ou qu’il vente, vous attendez une invitation à entrer.
L’invitation se fait attendre et jour après jour, vous êtes de moins en moins nombreux à revenir vous agenouiller devant la porte du dojo.
Lorsque on vous fait finalement signe d’entrer, plus de la moitié d’entre vous a déjà renoncé.
Ce n’est donc pas sans fierté que vous revêtez pour la première fois la tenue d’entraînement de l’école.
Vous rejoignez ensuite la salle où s’entraînent déjà vos condisciples plus gradés, effectuant des techniques que vous êtes impatients d’apprendre.
Cependant, votre enthousiasme perd de sa superbe, lorsqu’on vous demande de rester immobiles durant des heures en adoptant des postures peu naturelles et donc inconfortables.
Les semaines passent sans qu’aucune technique ne vous soit enseignée, pas même un simple coup de poing ! Certes, maintenir ces postures devient de moins en moins douloureux, mais vous ne pouvez vous empêcher de regarder d’un œil envieux vos condisciples avancés, lesquels s’entraînent à effectuer des coups de pieds sautés !
Six mois plus tard, vous n’êtes plus qu’une poignée de nouveaux à revenir au dojo. Mais ce jour-là, vous êtes surpris d’entendre la voix sévère de votre maître qui vous demande d’arrêter de traîner et de faire attendre vos condisciples. Vous débutez ainsi votre premier entraînement aux techniques martiales.
Après ce premier entraînement, l’un de vos condisciples avancés vous explique que votre maître estime avoir suffisamment éprouvé votre détermination à apprendre le Wushu et que vous avez également acquis les bases nécessaire à l’apprentissage de l’art martial, les postures !
Stable comme la grue
Ancrée comme le dragon
De nos jours…
Certes, personne ne vous demandera plus de rester agenouillé des jours devant le dojo !
Si autrefois seuls les plus déterminés pouvaient intégrer une école, à présent l’art martial est ouvert à quiconque désire l’apprendre.
Votre motivation sert désormais vos objectifs personnels : atteindre un certain niveau, faire du sport, savoir se défendre, prendre confiance en soi, etc.
En dépit de ces changements, l’apprentissage des postures reste un élément primordial à la maîtrise du Wushu.
Et même si votre entrainement de base ne sera pas composé uniquement par l’apprentissage des postures, dans notre école, nous insisterons beaucoup sur cet aspect.
Car toutes les techniques que vous pourrez apprendre n’auront qu’une efficacité limitée, si la posture dont elles partent n’est pas correctement maîtrisée.
Les principales postures en Wushu
A ma connaissance, il y a 5 postures fondamentales à connaître en Wushu, car elles reviennent dans la majorité des taolus & techniques.
- Ma Bu : Le Cavalier, posture moyenne
- Gong Bu : Arc & flèche, posture offensive
- Xu Bu : Le pas du vide ou « pas du chat », posture défensive
- Xie Bu : Le repos ou « pas croisé » (aussi nommé Shee Bu, le pas du serpent) posture un peu spéciale, elle sert principalement à l’esquive et au contre.
- Pu Bu (parfois appelée Ko bu): tomber à terre ou « pas rasant », posture défensive
Bien évidemment, ces noms peuvent varier d’une école à l’autre mais ce sont les appellations ci-dessus que nous retenons dans nos cours.
A noter qu’elles existent aussi dans d’autres arts martiaux. Par exemple, Gong Bu (Arc & flèche) se dit Zenkutsu dachi pour le Karaté et Dinh tan pour le Võ Vietnam.
Les aspects à travailler dans une posture
Pour savoir si la posture adoptée est bonne, il faut pouvoir répondre favorablement aux questions suivantes :
Suis-je solidement ancré/e au sol ?
Un adversaire affichant le même poids que le vôtre ne devrait pas pouvoir vous faire bouger d’un centimètre, notamment lorsque vous êtes en Gong Bu ou en Ma Bu.
Bien évidemment, cela fonctionnera moins bien avec un opposant pesant 100 kg de muscles, alors que vous n’affichez qu’un poids de 40 kg tout mouillé.
Pour être solidement ancré au sol, il faut descendre votre centre de gravité (mais pas excessivement, sous peine de perdre en explosivité). Vos orteils doivent agripper le sol, même à travers vos chaussures.
Suis-je stable ?
Si vous passer votre temps à compenser une perte d’équilibre, c’est que vous n’êtes pas stable.
Assurez-vous de vous tenir bien droit, ne penchez surtout pas le torse et gainez les abdominaux.
S’entraîner face à un miroir permet de s’autocorriger, car parfois nous avons l’impression de nous tenir droits, alors que nous sommes tordus.
Suis-je à l’aise ?
Pouvez-vous rapidement quitter votre posture et y revenir ?
Si vous devez constamment vous repositionner après une frappe ou un déplacement, c’est que vous n’êtes pas encore à l’aise dans la posture adoptée.
Avec le temps et la pratique, votre corps s’adaptera à la posture selon votre propre morphologie, cela se caractérisera par l’écart entre vos jambes et la hauteur de votre centre de gravité.
En conclusion
Au départ, adopter ces postures peu naturelles va engendrer des courbatures aux débutants, notamment au niveau des cuisses (c’est le métier qui rentre).
Toutefois, c’est un passage obligatoire, car les postures sont les fondations sur lesquelles vont venir se construire toutes vos techniques.
Et comme pour une maison, si la base n’est pas solide, tout s’effondre !
J’ai trop souvent vu des élèves négliger leurs postures, notamment en pliant à peine les genoux pour Ma bu. Hélas, les mauvaises habitudes sont faciles à prendre et difficiles à remplacer.
Alors soyez persévérants !
Bon entraînement et prenez soins de vous
Mike