La quatrième montagne : Le Serpent, souplesse et précision !

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Plonger dans l’incertitude

La quatrième montagne est la plus petite des cinq, on la nomme plus volontiers la Butte au Serpent.

Ses parois raides et lisses n’offrent quasiment aucune prise au voyageur qui souhaiterait l’escalader et quand bien même y parviendrait-il, l’exploit ne lui rapporterait rien.

Car la sagesse qu’il vient y chercher ne se trouve pas au sommet mais bien au cœur de la montagne, tapie au fond de l’obscurité qui règne en maîtresse dans ces lieux.

Le sentier mène à l’entrée d’une caverne et ce n’est pas sans une certaine appréhension que le voyageur contemple une dernière fois la clarté du jour, avant d’allumer sa torche et pénétrer dans la nuit.

A peine a-t-il fait quelques pas qu’il ressent déjà une certaine oppression, les ombres projetées par sa lampe sur les parois dessinant des silhouettes effrayantes, mais peut-être n’est-ce au fond que son imagination qui travaille trop ?

 Au lieu de s’élever, le chemin descend en pente douce, le plafond s’abaisse, l’obligeant à s’accroupir pour éviter de se cogner.

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L’ouverture d’esprit

Au cours de son apprentissage, l’élève sera amené à rencontrer des personnes pratiquant ; soit le même style de Wushu que lui mais avec une approche différente, soit un style différent du sien, ou encore un autre art martial.

Or, confronté à une logique différente de celle qu’on lui a enseignée jusqu’ici, l’élève peut être déstabilisé et réagir très négativement, jugeant sévèrement la méthode qui lui est démontrée, quand il ne la rejette pas complètement.

En effet, la nature humaine veut que bien souvent, lorsqu’on possède quelques connaissances dans un domaine, ces dernières se transforment progressivement en certitudes…

Cependant, un esprit figé ne peut progresser, le mouvement réside dans la souplesse.

Aussi, sans pour autant renier son propre enseignement, l’adepte peut s’enrichir des autres, en piquant çà et là des techniques/approches/astuces qu’il juge intéressantes.

A travers les âges, les différents art-martiaux n’ont eu de cesse d’évoluer par ces échanges effectués dans le respect mutuel des diverses disciplines.

Dépasser sa peur

Le boyau se resserre encore, forçant le voyageur à progresser en rampant sur un sol inégal.

Le tunnel fait de nombreux coudes qui lui demandent de se contorsionner pour réussir à franchir les passages les plus étroits.

Soudain, il se retrouve bloqué, sa veste trop ample coince dans la paroi, et l’épaule qu’il a déjà passée à travers le trou l’empêche de reculer.

Sa lampe-torche lui échappe des mains et il se retrouve plongé dans l’obscurité, oppressé par la paroi et la nuit.

C’en est trop pour le voyageur qui sent la panique l’envahir, il tente de forcer mais ne parvient qu’à se faire mal.

Comprenant qu’il n’arrivera à rien en paniquant, le voyageur se concentre sur sa respiration et regagne un peu de calme.

Il parvient alors à glisser sa main vers la fermeture éclair de sa veste et détache cette dernière, lui donnant ainsi le mou dont il a besoin pour débloquer la seconde épaule.

Il récupère sa lampe et prenant son temps, il franchit l’étroit boyau pour déboucher sur une salle sombre, au bout de laquelle l’attend une paroi abrupte qu’il lui faut descendre pour atteindre le cœur de la montagne.

Le voyageur s’agrippe au mur, en prenant soit de poser les pieds sur chaque protubérance que lui offre la paroi, la moindre erreur pouvant l’entraîner dans une chute mortelle.

Mais conservant son sang-froid, il descend prudemment, ses gestes son précis et il semble glisser doucement, comme collé contre le mur.

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La souplesse et la précision au Wushu

Lorsqu’on parle de souplesse aux art-martiaux, le plus souvent on s’imagine devoir accomplir le grand écart. Ce dernier ayant été largement popularisé par Jean-Claude Van Damme.

Certes, pouvoir lever la jambe très haut permet de frapper au visage, notamment si l’adversaire est particulièrement grand.

Cependant, accomplir le grand écart n’est pas la portée de tous et certains n’y arriveront jamais, du fait que leur bassin ne leur permet pas un écart aussi grand.

Toutefois, même sans parvenir à ce stade, il est important pour l’élève de travailler régulièrement sa souplesse (et pas uniquement celle des jambes).

Par des exercices accomplis avec la même rigueur qu’un renforcement musculaire (comme des pompes), les tendons et les muscles vont progressivement s’étirer.

S’il est effectué correctement et régulièrement, ce travail permet l’amélioration de la qualité des mouvements martiaux mais aussi de développer ses muscles.

L’élève travaille également sa respiration lente qu’il apprend à coordonner avec la zone musculaire qu’il travaille, et ainsi à relâcher la tension pour descendre plus bas.

Ce relâchement, qu’il ne faut surtout pas confondre avec de la mollesse, est indispensable pour développer davantage son explosivité.

En effet, les élèves ont tendances à se crisper, lorsqu’ils essaient d’être explosifs, pensant à tort qu’il faut bander les muscles tout au long de la frappe. Mais cela correspondrait à appuyer en même temps sur l’accélérateur et le frein!

Alors que c’est bien en souplesse que la frappe doit s’effectuer sur la majorité du chemin, la contraction ne devant se faire qu’au commencement et au moment de l’impact.

On combine ainsi la force du Tigre, la vitesse du Léopard et la souplesse du Serpent, sans oublier la stabilité de la Grue pour atteindre une puissance de frappe optimale.

Travailler sa souplesse permet en outre d’améliorer la précision de ses frappes, cette dernière étant indispensable lorsqu’on tente d’atteindre un point d’accupression chez son adversaire.

Comme la souplesse, la précision se travaille régulièrement, car l’effet douloureux recherché sera nul, si on manque la cible de quelques centimètres seulement.

Au cœur de la montagne

Couvert de boue et de poussière, le voyageur atteint le cœur de la montagne qui se trouve être un lac souterrain peu profond, au milieu duquel émerge une petite île.

Promenant le faisceau de sa torche sur l’eau claire, il surprend une silhouette qui ondule à la surface des flots.

Le reptile rejoint l’ilot central et grimpe sur la berge, s’enroulant sur lui-même, face à l’eau, il semble attendre quelque chose.

Le voyageur se décide à avancer vers le serpent et ses pas provoquent un remous dans l’eau. Les flots s’animent subitement par des reflets dorés qui bondissent dans le faisceau de la lampe.

Il s’agit de poissons qui sautent hors de l’eau, dérangés par la présence de l’humain.

Le serpent se ramasse sur lui-même et se déploie brusquement d’un seul coup. Avec une précision redoutable, il attrape dans sa gueule un poisson bondissant.

Le voyageur observe le reptile réitérer son exploit avec plusieurs proies, avant de se retirer en disparaissant sous la surface, visiblement rassasié.

Se découvrant une petite faim, le voyageur pose sa lampe, ferme les yeux, prend de profondes et lentes inspirations et relâche la tension de son corps mais pas sa concentration.

Il bouge alors sa jambe pour faire à nouveau sauter les poissons et lorsqu’un d’entre eux passe à sa portée, sa main jaillit soudainement pour attraper ce dernier en plein vol.

Souple et précis, il est devenu le serpent du cœur de la 4ème montagne !

Il avance alors vers l’ilot et découvre une ouverture cachée derrière ce dernier, elle ouvre sur un chemin qui remonte vers la surface. Le sentier mène à la dernière des cinq montagnes.

Image associée
3d King Cobra The World’s Longest Venomous Snake Isolated on White Background, King Cobra Snake, 3d Illustration, 3d Rendering

Devenir le Serpent

L’esprit du serpent prône la sérénité par la maîtrise de soi.

Mais aussi l’ouverture d’esprit qui permet d’observer sans juger et d’assimiler des savoirs extérieurs, sans pour autant renier son propre art.

L’adepte évolue constamment, il doit accepter le changement et laisser son ancien lui en arrière, comme le serpent qui se sépare de son ancienne peau.

Devenir le Serpent, c’est assouplir ses muscles et étirer ses tendons pour gagner en qualité de mouvement, s’adapter à chaque type d’adversaire, ne pas s’entêter à vouloir absolument placer une technique en particulier, relâcher la tension inutile sans pour autant devenir mou, et pouvoir délivrer des frappes vives et d’une précision redoutable.

Adaptez-vous constamment, ne restés pas figés et vous muerez comme le serpent!

Amitié

Mike

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