« Le Wushu/Kung fu c’est bien joli pour faire du sport, mais dans la réalité, ça ne fonctionne pas! »
Combien de fois l’ai-je entendu ce refrain?? Et parfois même de la bouche de maîtres en la matière !
Alors, bien évidemment, il faut faire la part des choses, car cette affirmation contient une (petite) part de vérité.
En effet, suivant l’usage qu’on en fait, le Wushu peut revêtir plusieurs visages, il y a :
- Le Wushu de l’école
- Le Wushu sportif
- Le Wushu de la rue
- Le Wushu de cinéma
Le Wushu de l’école
Etape incontournable pour quiconque désire apprendre l’art-martial, l’école est un lieu réglementé et sécurisé (même si on est jamais à l’abri d’un accident).
Dans ce lieu dédié aux arts-martiaux, vous apprendrez les bases du Wushu (déplacements et postures, techniques de jambes et de poings, clés, projections).
Ce bagage technique sera mis en application sous trois formes distinctes :
- Par le biais des jibengongs et taolus ; dans lesquels on vous apprendra à effectuer une chorégraphie de combat combinant déplacements et frappes/saisies.
- Par le biais de l’étude de combat ; dans laquelle vous apprendrez à utiliser ces techniques face à un adversaire, dans un combat réglementé.
- Par le biais de l’étude de la self-défense ; au sein de laquelle on vous enseignera à privilégier l’efficacité sur la forme.
En dehors de ces trois études, l’école est également un lieu de vie qui vous apprendra la camaraderie et le dépassement de vous-même.
Certains auront ensuite envie de se tourner vers le cinéma ou la compétition mais cela n’est pas obligatoire, car comme le disait Sammo Hung dans le film Wushu :
« Celui qui pratique le Wushu n’a pas besoin de combattre quelqu’un, car il trouve en lui-même l’adversaire de toute une vie ».
Le Wushu sportif
Celles et ceux d’entre vous qui ont l’esprit de compétition pourront être tentés de mesurer leur talent en participant à des tournois.
Le Wushu sportif recouvre deux catégories, les combats et les compétitions de taolus.
Le combat sportif
(Les projections sont autorisées en Sanda)
Dans les combats, vous allez affronter un/e adversaire de votre poids, tous deux équipés de protections (protège-tibias, plastron, casques, gants de boxe, etc.)
Il existe deux catégorie de combat, le Qingda dans lequel le k.o. est les frappes lourdes sont proscrits, la victoire s’obtenant en marquant plus de points que l’adversaire.
Et le Sanda, où l’on peut gagner soit par k.o, soit au décompte des points, ou encore en expédiant l’adversaire hors de la surface de combat.
Ces combats sont soumis à un règlement strict que l’arbitre veille à faire respecter.
La compétition de taolu
(Les démonstrations de taolus peuvent se faire à mains nues ou avec une arme)
Dans une compétition de taolu, les participants présentent une chorégraphie de combat face à un jury.
Comme pour la gymnastique artistique, ils seront notés sur la qualité de l’exécution des gestes, leur difficulté technique, etc.
Bien qu’il s’agisse d’une démonstration martiale, l’accent est mis sur des techniques visuellement élégantes et impressionnantes (comme les enchaînement comportant des sauts), mais généralement peu utiles en combat réel.
Pour ces démonstrations, les participants revêtent des tenues voyantes et décorées.
Le Wushu de la rue
Pas de fioritures en combat réel, les frappes doivent être expéditives!
A l’extérieur du dojo, il n’y a plus de règle, ni aucun arbitre pour faire cesser le combat.
Si quelqu’un vous agresse, vous ne pourrez généralement compter que sur vous-même…
Certes, le dojo ne pourra jamais vous préparer complètement à faire face au stress qu’engendre une agression.
Toutefois, des automatismes défensifs, issus de techniques maintes fois répétées, pourront sortir miraculeusement au bon moment et vous sauver la mise.
Avoir le réflexe de se mettre en garde, adopter une posture stable, savoir bloquer ou esquiver un coup sont autant d’avantages précieux en combat réel.
Les techniques de self-défense autorisent l’utilisation de coups proscrits durant les entraînements : pique au yeux, coups aux parties génitales, frappe à la gorge, etc.
Il faut aller à l’essentiel en ne retenant que les frappes les plus expéditives et en oubliant les poses décoratives que l’on peut trouver dans les taolus.
« Défendez-vous ! Mais défendez-vous réellement! » Bruce Lee
Rappelez-vous que « être clément avec son agresseur c’est être dur avec soi-même », le but est de vous défendre! Toutefois, n’allez pas vous acharner sur un agresseur neutralisé.
Ne jouez pas non plus au super-héros en attendant de voir si ses copains vont venir pour vaincre à vous seul toute la bande.
Laissez cela au cinéma!
Le Wushu de Cinéma
« Il y a le Wushu réel et le Wushu de cinéma » Donnie Yen
En total opposé au combat de rue, le cinéma nous présente un Wushu spectaculaire, avec des mouvements et poses impressionnants, effectués par des acteurs défiant les lois de la physique.
Toutefois, n’oubliez pas que le cinéma est avant tout un art de spectacle, le visuel prime donc sur le réalisme.
En effet, un film qui vous présenterait un combat réaliste avec des frappes courtes et directes et surtout peu variées vous ennuiera rapidement.
Alors qu’un long métrage vous présentant un héro (ou une héroïne) capable de vaincre seul une vingtaine d’adversaires, en enchaînant des pirouettes et techniques variées, aura bien des chances de vous donner envie de vous inscrire au club de Wushu du coin!
(Cette pose est très jolie, mais totalement inutile en combat réel)
L’avantage des combats chorégraphiés est qu’on peut y placer toutes les techniques que l’on veut, des plus réalistes aux plus fantasques.
Au final, un film de kung-fu n’a pas d’autre ambition que de vous divertir et vous donner envie de pratiquer cet art!
En conclusion
Le Wushu est un art millénaire, né du champ de bataille, prétendre qu’il est inefficace me semble invraisemblable.
Toutefois, il faut bien différencier les techniques utilisables en combat réel de celles qui ont un apport purement visuel (voire méditatif).
Alors bon entraînement ou bon film!
Prenez soin de vous
A bientôt
Mike